Paulo Coelho

Stories & Reflections

Voyager de manière différente

Author: Paulo Coelho


Trans-Siberian train, 2006

Dès mon plus jeune í¢ge, j’ai compris que les voyages représentaient pour moi le meilleur apprentissage qui soit. J’ai conservé jusqu’í  ce jour mon í¢me de pèlerin, et j’ai décidé de relater dans ce blog quelques-unes des leí§ons que j’ai apprises, dans l’espoir qu’elles puissent íªtre utiles í  d’autres pèlerins comme moi.

1) Evitez les musées. Ce conseil peut sembler absurde, mais réfléchissons-y ensemble un instant : lorsque vous vous trouvez dans une ville étrangère, n’est-il pas bien plus intéressant de chercher í  en connaí®tre le présent plutí´t que le passé ? Il arrive que certains se sentent obligés de visiter les musées parce que, depuis tout petits, on leur a appris que voyager consiste í  rechercher ce type de culture. Je ne conteste pas l’importance des musées, mais les visiter demande du temps et de l’objectivité – il faut savoir ce que l’on désire y voir, sans quoi l’on en ressort avec le sentiment d’avoir vu un certain nombre de choses fondamentales pour sa vie, mais sans très bien savoir quoi.

2) Fréquentez les bars. C’est lí , plutí´t que dans les musées, que la ville vit. Les bars ne sont pas des discothèques, mais des lieux oí¹ la population se retrouve, pour boire un verre ou penser au temps, et elle y est toujours príªte í  converser. Achetez un journal et observez le va-et-vient. Si quelqu’un lance un sujet de discussion, aussi futile qu’il soit, joignez-vous í  la conversation : on ne peut pas juger de la beauté d’un chemin en se contentant d’en observer les premiers mètres.

3) Soyez disponibles. Le meilleur guide touristique est quelqu’un qui habite la région, qui connaí®t tout, qui est fier de sa ville mais qui ne travaille pas pour une agence. Sortez dans la rue, choisissez quelqu’un avec qui vous avez envie de converser et demandez-lui des informations (oí¹ se trouve telle cathédrale ? Oí¹ est la poste ?). Si vous n’obtenez aucun résultat, choisissez quelqu’un d’autre – je vous garantis qu’í  la fin de la journée, vous aurez trouvé une excellente compagnie.

4) Arrangez-vous pour voyager seul, ou – si vous íªtes marié – avec votre conjoint.
Cela vous demandera davantage d’efforts, personne ne sera lí  pour veiller sur vous, mais c’est de cette faí§on seulement que vous parviendrez í  quitter réellement votre pays. Les voyages en groupe constituent une manière déguisée de se trouver í  l’étranger tout en parlant sa propre langue, en suivant les instructions d’un chef de troupe, et en se préoccupant davantage des commérages du groupe que des lieux que l’on visite.

5) Ne cherchez pas í  comparer.
Ne comparez rien – ni les prix, ni la propreté, ni la qualité de vie, ni les moyens de transport, rien ! Vous ne voyagez pas dans le but de prouver que vous vivez dans de meilleures conditions que les autres – vous désirez au fond savoir comment les autres vivent, ce qu’ils peuvent vous apporter, comment ils appréhendent la réalité et le cí´té extraordinaire de la vie.

6) Partez du principe que tout le monde vous comprend.
Míªme si vous ne parlez pas la langue du pays que vous visitez, rassurez-vous : je me suis déjí  retrouvé dans de nombreux endroits oí¹ il m’était impossible de communiquer par des mots, et j’ai toujours fini par trouver de l’aide, des indications, des suggestions importantes, et míªme des fiancées. Certains pensent qu’en voyageant seuls, ils vont marcher dans la rue et se perdre pour toujours. Il suffit d’avoir la carte de l’hí´tel dans sa poche et, en cas de nécessité, de prendre un taxi et de la montrer au chauffeur.

7) N’achetez pas trop. Dépensez votre argent dans ce que vous n’aurez pas besoin de transporter : de bonnes pièces de théí¢tre, des repas au restaurant, des excursions. Aujourd’hui, í  l’heure de la globalisation et de l’Internet, vous pouvez tout acquérir sans payer de frais d’excédent de poids.

8) N’essayez pas de voir le monde en un mois.
Mieux vaut passer quatre ou cinq jours dans une ville plutí´t que de visiter cinq villes en une semaine. Une ville est une femme fantasque, elle prend tout son temps pour se laisser séduire et se dévoiler complètement.

9) Un voyage est une aventure. Henry Miller disait qu’il était bien plus important de découvrir une église dont personne n’avait entendu parler plutí´t que d’aller í  Rome et de se sentir obligé de visiter la Chapelle Sixtine, en compagnie de deux cent mille touristes qui vous crient dans les oreilles. Allez í  la Chapelle Sixtine, mais déambulez dans les rues, aventurez-vous dans les impasses, laissez-vous envahir par la liberté d’íªtre í  la recherche de quelque chose sans bien savoir quoi, mais en ayant la certitude que vous le trouverez et que cela changera votre vie.

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