Stories & Reflections
EXCLUSIF Le Matin Dimanche
Avec «L’Aleph», l’écrivain nous fait voyager entre une violente crise de foi, en 2006, et le rachat de ses actions passées. Envoí»tant.
Quel étrange livre que cet «Aleph»! Résolument autobiographique, il débute sur la violente crise de foi que Paulo Coelho a traversé en 2006, se poursuit avec le marathon insensé qu’il s’est imposé, allant de pays en pays pour vivre de nouvelles expériences. Puis vient la rencontre avec Hilal, une jeune violoniste abusée dans son enfance, qui force le rapprochement avec l’écrivain. Ce rapprochement sera le point de départ pour un nouveau retour dans le passé, au cÅ“ur de l’Inquisition, lí oí¹ Paulo Coelho est certain d’avoir commis de graves erreurs…
Avec une écriture fluide et poétique, il nous entraí®ne dans des eaux mouvantes et profondes loin de tout rationalisme. Interview exclusive dans son antre genevois.
Quelle est cette crise de foi que vous avez traversée?
Nous avons tous des crises de foi. La foi n’est jamais une ligne droite, elle a des hauts et des bas, mais elle est toujours lí , dans votre cÅ“ur. Seulement, parfois, on n’arrive plus í la reconnaí®tre.
Y avait-il une raison particulière pour que cette crise survienne í ce moment de votre vie?
J’étais arrivé lí oí¹ je souhaitais. J’avais réussi en tant qu’écrivain, j’avais í mes cí´tés la femme que j’aime et une très belle maison. Et pourtant, je sentais que quelque chose ne marchait pas. Je ne vivais plus. J’étais déconnecté des autres, enfermé dans une routine. La routine, c’est une protection pas très intelligente. On croit qu’on a le contrí´le de tout, que rien ne va changer, mais ce n’est pas vrai: tout change, tous les jours, le physique du corps, la faí§on de regarder la vie, tout.
Quand vous vous lancez dans ce marathon insensé, quel est votre sentiment?
Quand on fait quelque chose comme í§a, on ne pense pas. On agit, on sait que quelque chose est en train de changer en nous mais on n’analyse pas. Comme quand vous íªtes dans un match, sur le terrain ou le ring: vous ne devez pas réfléchir, sinon vous vous détachez de l’expérience en vous mettant dans la position du juge et non de l’acteur.
Ce livre est très intime. Comment vivez-vous cette confession publique?
ça n’a pas été facile, mais en míªme temps, il n’existe pas de demi-vérité. les choses sont soit vraies, soit fausses. J’ai décidé de dire toute la vérité. A la première correction, j’ai encore hésité. Et je me suis dit que je ne pouvais pas íªtre la moitié de moi-míªme dans ce livre, donc je m’y suis mis totalement, sans censure.
On est très loin du rationnel, lí …
C’est une expérience mathématique. L’Aleph est un terme créé par les mathématiciens pour parler d’un numéro qui contient tous les autres chiffres. Cela veut dire que nous avons d’autres vies qui se déroulent en parallèle mais dans d’autres époques. C’est vrai, í§a n’entre pas dans la logique. Mais croyez-vous que l’amour entre dans la logique? Et pourtant, c’est la chose la plus importante au monde. Les choses les plus importantes ne rentrent pas dans la logique: l’enthousiasme, la foi, les expériences transcendantales. La logique, c’est très positif pour quelques problèmes pratiques mais on a besoin du cí´té intuitif aussi. x